Vendredit 29 février 2008. Tribune ouverte à Charlotte BURY

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Le métier de syndic de copropriété

       Propos recueillis par Charlotte MORIN (journaliste et amie de Charlotte BURY)


Charlotte, comment te présentes-tu lorsque tu parles de ton métier ? Es-tu syndic ou bien fais-tu partie d’un syndic ?

 Bonne question ! Je suis administrateur de biens - syndic d'immeubles en copropriété. Un jour, quelqu’un m'a demandé ce que je faisais dans la vie. J'ai dit : « syndic » et on m'a répondu : « Ah syndicat, eh bien, vous êtes tous les mêmes vous ne savez que demander de l'argent et on ne sait jamais pourquoi et où il part ! » Souvent, les gens confondent avec les syndicats comme la CGT, par exemple. Dans ce cas là, ce n'était pas très marrant. Il est vrai que nous avons assez mauvaise réputation (voir les articles publiés dans le magazine 60 Millions de Consommateurs). Pourtant, nous ne nous en mettons pas plein les poches et nous ne sommes pas tous des voyous, loin de là ! Maintenant, quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds « administrateur de biens ». C'est un terme compliqué donc les gens se sentent bêtes de ne pas savoir de quoi il s'agit et ils s'abstiennent souvent de poser des questions, ça évite pas mal de discussions laborieuses...

 

Avant toute chose, ton métier te plaît-il ? Quels sont les avantages et les inconvénients ?

Les avantages : rencontrer beaucoup de monde, travailler avec des personnes différentes, que ce soient les fournisseurs, de l'électricien à l'entreprise de ravalement de façades en passant par de plus grosses institutions comme Veolia, les copropriétaires, et les instances administratives comme la mairie, la commission d'aide à l'accessibilité aux personnes handicapées, le service des impôts, l'Urssaf ou les Assedic. Ce qui me plaît aussi, c’est non seulement travailler derrière mon bureau pour régler les papiers administratifs, mais aussi aller dans les immeubles, suivre les chantiers. Mes tâches sont diverses, ce qui est très enrichissant !

Les inconvénients : ne jamais renter chez soi le soir en étant à jour dans le travail ! Il se passe sans cesse des choses, des sinistres, des pannes, des demandes diverses. Notre vie est rythmée par les demandes qui parviennent et on n'en voit jamais le bout ! Et puis, il y a aussi le fait que nous rencontrons des gens tordus, et nous sommes obligées d’ouvrir les yeux sur un monde qui parfois ne tourne pas rond!

 

Quelles sont les situations les plus improbables ou les plus surprenantes dans lesquelles tu t’es retrouvée dans le cadre de ton travail ?

Avec un an et demi derrière moi, j’en ai des histoires à raconter ! Un jour, je devais effectuer un relevé de compteur d'eau. On m'avait vaguement expliqué que le compteur se situait dans le local poubelles. Je me suis alors retrouvée à sortir des poubelles et des poubelles entassées, puis des gros containers pour accéder au compteur. Je précise que ce jour là j'étais en talons hauts et que, le local se situant en limite de copropriété, les passants me voyaient et devaient me prendre pour une folle ! Une fois le lieu dégagé, je ne voyais toujours pas le fameux compteur ! J’étais perplexe. J’ai appelé au bureau et on m’a répondu : « Le compteur n'est pas dans le local mais encastré dedans, accessible depuis l’extérieur ! ». J’ai fini par le trouver, je l'ai ouvert. Pour lire le relevé, il fallait passer la tête dans le trou et là ça a été le drame : une énorme araignée a surgi de nulle part. J’ai appelé ma chef pour qu’elle m'encourage. On se serait cru à Fort Boyard ! J'ai fini par faire abstraction de tout et je l'ai fait ! J'ai hurlé le numéro au téléphone, elle était ravie. Tout ça pour pas grand-chose finalement mais je m'en souviendrai ! Sinon, les grands moments sont les rendez-vous sur les toits des immeubles d'où il y a généralement une superbe vue ou bien les réunions de chantier où il faut monter sur les échafaudages. Je me régale.

 

Tu sembles bien jeune pour travailler depuis un an et demi déjà, quel est ton parcours ?

J'ai suivi une formation de vente et gestion d'immeubles à l'Institut d'études économiques et juridiques pour la construction et l'habitation (ICH). Il y a un certain nombre d'unités d'enseignement à réussir. On passe les matières comme on veut, en deux ou trois ans généralement. Chacun s'organise à son rythme. Personnellement j'ai mis le turbo et tout passé en une année et j’ai réussi !

 

Comment as-tu obtenu ce poste ? En répondant à une annonce ou par ton réseau de connaissances ?

Je travaille pour et avec la personne avec qui je voulais travailler. En Juillet 2006, j'ai répondu à une offre d'emploi et envoyé une candidature spontanée. J'ai décroché deux entretiens. Mais une personne avait déjà retenu mon attention. J'ai remarqué mon actuelle chef lors de l'assemblée générale de mon immeuble à laquelle j'avais voulu assister pour “voir comment ça se passe”. Quelque temps après, j’ai appelé au bureau : « Bonjour, je suis Charlotte Bury, je suis la formation de l'ICH et je voudrais travailler pour vous ». En fait, sur le coup ça n'a pas fonctionné, elle venait d'embaucher quelqu'un. Mais fin août, alors que j'avais passé mes autres entretiens et que tout allait pour le mieux, elle m'a rappelé. Je n'en revenais pas ! La personne qu’elle venait d’embaucher ne faisait pas l'affaire, elle voulait me rencontrer au plus vite ! Je n'avais même pas envoyé de CV. Après un entretien de deux heures, je pars en disant : « je réfléchis à tout ça et je vous rappelle ». Bien évidemment, j'ai accepté le poste et ma première impression était la bonne, je m’entends très bien avec ma chef !

 

Comment cela se passe-t-il en général dans ta branche pour trouver du travail ? Est-ce qu’il y a des postes à pourvoir ?

Visiblement oui ! En ce qui me concerne, trois candidatures, trois réponses positives, ça se passe de commentaires...

 

Combien d’immeubles ou résidences votre syndic gère-t-il dans Montpellier ? Combien de copropriétaires cela représente-t-il ?

Nous gérons une cinquantaine d'immeubles de toutes sortes, des gros comme des petits, ça doit faire dans les 1 600 à 1 700 copropriétaires. C’est fou le nombre de noms que l'on connaît quand même…

 

Au cours de la semaine, comment se répartit ton temps de travail entre les rendez-vous à l’extérieur et les tâches à effectuer derrière ton bureau ?

Cela varie beaucoup selon les semaines. Les rendez-vous fixes sont les réunions de chantier. Viennent s'ajouter les convocations aux expertises pour les sinistres, les réunions avec les conseils syndicaux et enfin les rendez-vous avec les entreprises pour l’établissement des devis quand il s'agit de quelque chose d'un peu particulier (pour les affaires courantes, ils se déplacent seuls). Le reste est consacré au bureau : paperasse, comptabilité, gestion des ventes, des sinistres, préparation des assemblées générales et beaucoup d'autres choses encore...

 

Reçois-tu des coups de fil tard le soir sur ton portable professionnel ? A moins que tu n’éteignes ce portable à partir d’une certaine heure ?

Par principe, je n'éteins jamais mon portable (oubli du code PIN !) mais peu de gens ont mon numéro... Les ouvriers habituels qui doivent me joindre rapidement pour me demander : « Pour le travail demandé, 200 euros, c'est bon, je le fais ? » ou bien « Je peux passer prendre les clés de telle copro ? » ont mon numéro. Ensuite, à l'inverse, les personnes avec qui nous travaillons rarement ont aussi mon numéro pour pouvoir se retrouver lors d'un rendez-vous car, souvent, ils ne trouvent pas l'immeuble ou ont du retard. Je l’ai oublié dans les inconvénients du métier : on passe notre vie à attendre. Les copropriétaires n'ont pas mon numéro, ils appellent au bureau, un point c'est tout ! En cas de grosse urgence, ils se débrouillent ! Si c’est un incendie, ils appellent les pompiers. Une inondation ? Ils coupent l'arrivée d'eau ! Une personne bloquée dans l'ascenseur ? Le numéro de l'ascensoriste est sur place ! Voilà les véritables urgences, mais bien des personnes sont pourtant complètement irrationnelles et nous “incendient” quand la télévision est en panne !