Le Club : C'est parce que nous sommes convaincus de la nécessité de contribuer aussi, à notre modeste niveau, à la transition énergétique, la réduction des gaz à effet de serre, la réduction de la consommation de l'ensemble de nos "usages", que nous avons souhaité donner la parole à l'ALEC et à travers elle, à Nicolas CATTIN, un de ses chargés de mission.
Le sensibilisation est l'affaire de chacune et chacun. Le Club en prend sa part. Nous avons déjà eu à parler Rénovation énergétique lors de nos dernières sessions Speed learning. Nous pouruivons avec ce Zoom sur.
Nicolas CATTIN, bonjour. Vous être Chargé de mission Grand Public auprès de l’ALEC Montpellier Métropole. Le Club Interpro-ICH 34 a souhaité vous consacrer ce numéro de ZOOM SUR car, d’une certaine manière, il y a urgence ! Il semble important d’inclure dans tous les cursus d’études longues immobilières mais aussi de formations courtes, une dimension forte de connaissance des notions de transition énergétique, de rénovation énergétique des bâtiments, des matériaux isolants, des matériels performants et des techniques de maîtrise d’œuvre efficaces.
Le Club : En introduction et afin de faire connaissance, pouvez-vous nous indiquer depuis quand l’ALEC est-elle installée sur Montpellier et quel est le rôle de cette structure ? L’ALEC Montpellier Métropole (Agence Locale de l’Energie et du Climat) a été créé en décembre 2007, c’est une association loi 1901. Le rôle de l’ALEC est de promouvoir la culture de la maitrise des consommations d’énergie et d’eau, la promotion des énergies renouvelables, en accompagnant les projets de rénovation de différents publics : particuliers, copropriétés et collectivités principalement.
Le Club : Comment est-elle organisée et quelle est sa compétence géographique ? L’ALEC intervient sur la métropole de Montpellier, elle est organisée en trois pôles : grand public (particuliers et copropriétés), collectivités et un pôle support (gestion, administratif).
Le Club : Quel est le quotidien d’un Chargé de mission Grand Public de l’ALEC ? Mon pôle –le pôle Grand Public- a pour but de renseigner les particuliers et les copropriétaires sur les aides financières, les matériaux à privilégier, quel système de chauffage choisir, comment changer ses fenêtres… Chaque année nous répondons à plus de 1000 demandes, gratuitement, en entretien ou par mail ou téléphone.
Mon quotidien est partagé entre le suivi des activités du pôle Grand Public (5 personnes moi inclus), le travail sur de nouveaux projets / partenariats et l’accompagnement de copropriétés engagées dans des projets de rénovation énergétique.
Le Club : Nous le savons, le bâtiment est le premier consommateur d’énergie en France. Une très grande partie du parc privé et public a été construit avant la première règlementation thermique de 1975. La tâche est considérable.
. Quelle est la photographie et l’état actuel de la rénovation dans le ressort de l’ALEC Montpellier Métropole ?Sur Montpellier 85% du parc de logement est collectif et la moitié des résidences a été construite avant la première règlementation thermique de 1975. Il y a donc un important gisement d’économie d’énergie, tout autour de nous, rien que sur l’amélioration de l’enveloppe des bâtiments. On peut encore y ajouter l’amélioration des systèmes de production de chauffage individuels ou collectifs, l’éclairage des parties communes intérieures et extérieures…
Il en est de même pour les logements individuels, notamment dans les plus petites communes de la métropole.
Le Club : La tendance est-elle résolument à la hausse ou bien la culture de la rénovation énergétique est-elle encore éloignée des préoccupations ? La tendance est résolument à la hausse. A titre d’exemple, nous avons enregistré une hausse de fréquentation du pôle grand public de l’ALEC de plus de 40% depuis le début de l’année 2019. Les particuliers se renseignent, le public prend conscience qu’il faut améliorer la performance énergétique des logements. De plus il existe des aides financières qui drainent des questions et en parallèle des campagnes de démarchages des particuliers par des entreprises d’isolation thermique ou d’installations photovoltaïques qui incitent les particuliers à se renseigner.
Le Club : Une structure comme l’ALEC Montpellier Métropole est-elle dans cet esprit de massification de rénovation tel qu’il avait été décrit dans les différentes feuilles de route ministérielles ?Nous sommes bien entendu concernés et en première ligne vis-à-vis du public. Cette proximité avec les particuliers et les copropriétés nous permet d’avoir une vision plus nuancée. La notion d’efficacité énergétique de l’habitat est fortement imbriquée dans l’usage des logements. Personne ne décide d’une rénovation BBC de but en blanc simplement pour faire baisser ses factures d’énergie. Il y a toujours un déclencheur (achat, inconfort notable, travaux d’embellissement, panne de système…), il faut dès lors insuffler la performance énergétique à l’occasion des moindres travaux. Nos conseillers encouragent les particuliers à augmenter leurs ambitions de rénovation, en présentant les leviers possibles (confort, revalorisation patrimoniale, aides financières…). Avec la plateforme territoriale de rénovation énergétique «
Rénov’Energie » portée par Montpellier Méditerranée Métropole et dont l’ALEC est la porte d’entrée, nous pouvons depuis un an accompagner plus fortement les particuliers (visite sur place) et les copropriétés (apport méthodologique, réunion d’information aux résidents…).
On connait aussi la part importante du comportement des habitants sur les consommations énergétiques. Nous communiquons aussi sur ce plan-là.
Le Club : La copropriété est très concernée par cette nécessaire rénovation énergétique. Malheureusement, nous connaissons le contexte global. Des charges difficilement maîtrisables, un recouvrement parfois ardu et des trésoreries généralement tendues. Dans ce contexte, comment parvenir à instiller la culture de la rénovation énergétique et faire approuver des travaux dont l’impact est quelque fois mal présenté aux votes des assemblées générales ?
Il n’y a pas de miracle, nous nous appuyons sur les motivations présentes intrinsèquement chez les copropriétaires, les conseillers syndicaux, avec le concours des syndics. L’idée pour nous est d’appuyer ces derniers en leur apportant des informations techniques et financières (aides collectives et individuelles) mais aussi de la méthodologie (par où commencer, vers qui se tourner, quel est le timing d’une opération de rénovation…). Nous insistons notamment pour présenter les projets en amont des AG, lors de réunion d’information centrée sur ce sujet, où chacun peut discuter, questionner, de manière à partager l’information entre tous pour aborder les AG de façon plus sereine. Nous aidons aussi à décomposer un coût de travaux global qui peut parfois faire un peu peur en quote-part déduite des aides possibles et lissées via un prêt collectif par exemple. A titre d’illustration : 800 000 € de travaux ou 50€ par mois de mensualité… l’approche n’est pas la même pour les copropriétaires !
Le Club : Selon vous, les Conseils syndicaux des grands ensembles, sont-ils suffisamment investis dans ce domaine ? Le sujet énergie devient incontournable. Les Conseils Syndicaux des grosses résidences sont souvent organisés en commission de travail, avec généralement un volet énergie (notamment si la résidence est équipée d’une chaufferie collective). De plus, les règlementations récentes (obligation d’audit énergétique, individualisation des frais de chauffage, isolation à l’occasion de gros travaux) les ont obligés à se pencher sur ces questions. Toutefois il faut noter que les dispositifs d’aides à la rénovation énergétique évoluent régulièrement et que des mises à niveau sont nécessaire en cas de projet à venir.
Le Club : L’ALEC est-elle en mesure de répondre à toutes les problématiques et notamment celle de la mobilisation des aides financières pour parvenir à financer les projets ? L’ALEC n’a pas vocation à remplacer les professionnels, notre rôle est de créer et/ou de consolider des dynamiques de rénovation. Une fois un projet amorcé, il y a nécessairement des professionnels de chaque domaine qui interviennent (bureaux d’études, maitres d’œuvre, entreprises du bâtiment, banques avec éventuellement courtiers…). Sur le volet financier, nous présentons les projets d’un point de vue global et mettons en relation les Conseils Syndicaux et syndics avec les organismes appropriés. Les aides financières sont un levier clef, nous effectuons une veille importante sur le sujet pour donner des informations fiables aux copropriétés. De plus, le dispositif Rénov’Energie permet notamment à l’ADIL (Agence Départementale d’Information sur le Logement) et à l’opérateur Anah (Agence Nationale de l’Habitat) de la Métropole (Urbanis) de participer au travail d’accompagnement des copropriétaires.
Le Club : Pour celles et ceux qui sont passionnés par la rénovation énergétique des bâtiments et son impact sur notre quotidien, la notion de retour d’expérience évoque vraiment quelque chose et donne du sens à tout ceci. . Pouvez-vous évoquer cette notion pour le Club et ce que cela recouvre ?Nous faisons le même constat, notamment en copropriété où il faut convaincre. Ainsi nous organisons régulièrement des ateliers techniques et des visites de rénovations, en cours ou réalisées, avec le témoignage des acteurs du projet (conseil syndical, syndic, maitre d’œuvre…). Nous appuyons ces animations par des communiqués de presse qui provoque souvent l’intérêt des médias (journaux locaux,
France 3 Languedoc-Roussillon, radios), le message est alors démultiplié au-delà des 20 ou 30 participants de la visite. Ce « bruit de fond » médiatique est important, la rénovation énergétique doit s’inscrire dans la vie d’un logement au même titre que d’autres travaux courants. Il est nécessaire de banaliser ces travaux, tout en leur donnant une ambition technique forte « BBC compatible » pour ne pas avoir à y revenir dans 10 ans.
Le Club : Pourquoi finalement, les grandes campagnes de sensibilisation, ne s’appuie-t-elle pas ou peu, sur les réalisations antérieures ? Bonne question. Les grandes campagnes de sensibilisation menées notamment par l’Ademe (récemment lors du
lancement dispositif faire.fr) sont effectivement plutôt génériques. Localement nous allons entamer à la rentrée 2019 un travail d’enquête auprès des copropriétaires étant passés à l’acte en isolant leur copropriété. Nous les questionnerons sur la partie montage de projet mais surtout sur l’impact sur les factures et le confort été/hiver. Nous utiliserons les résultats pour aider à la sensibilisation d’autres copropriétaires en questionnement.
Le Club : L’essentiel de votre activité de Chargé de mission est orienté vers le logement à usage d’habitation (maison individuelle et copropriété).. L’ALEC est-elle concernée par la rénovation énergétique des bâtiments tertiaires ?
L’ALEC via son pôle collectivité travaille également avec les communes pour maitriser les consommations d’eau et d’énergie de leur patrimoine. Nous avons notamment acquis une bonne expertise sur la rénovation des écoles en climat méditerranée. Nous avons également quelques contacts avec des entreprises mais peu d’action vis-à-vis des locaux de bureau privés.
Le Club : Y a-t-il eu des réalisations notables dans l’attente du fameux Décret tertiaire (une fois repoussé et aujourd’hui imminent) ?Il y a des rénovations intéressantes sur le plan énergétique, et des réflexions d’industrialisation de ces rénovations, notamment portées localement par des bureaux d’études et des entreprises. Côté établissement scolaire nous avons édité un
guide axé sur la rénovation performante.
Contact :
www.alec-montpellier.orgLe Club : Merci vivement à M. CATTIN qui a pris le temps de participer à cette rubrique, pour nous faire ce point éclairant et inspirant sur la rénovation énergétique et l'intérêt de la voir se déployer tous azimuts, au bénéfice de toutes et tous.
M. CATTIN intervenant pour l'ALEC Montpellier Métropole, que nous remercions également.
A bientôt pour une session Speed learning fixée à priori à fin Août. Mais nous y reviendrons. !!